Avec la modernisation du secteur des télécommunications grâce au projet RAM, le projet de placement des bornes WiFi gratuit dans toutes les universités de la République Démocratique du Congo est désormais envisageable. L’Université de Kinshasa sera l’une de toutes premières à en bénéficier. Comment les étudiants ont-ils accueilli cela ?
La République Démocratique du Congo est l’un des pays où l’État, les villes et les communautés locales ne fournissent pas encore le WiFi gratuit dans les parcs, les centres communautaires, les écoles et les universités pour aider les gens à se connecter à Internet. L’État a prévu d’installer des hotspots (campus numérique) dans toutes les universités du pays, projet envisageable dans le secteur des télécommunications assaini suite à l’arrivée du RAM et doté d’un régulateur comme l’ARPTC, dont les capacités et la couverture sont renforcés grâce au RAM. Le but du projet est de connecter toutes les universités du pays en offrant un paquet de services WiFi gratuit aux étudiants et à leurs enseignants.
Nous nous sommes rendus à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) pour demander aux étudiants s’ils étaient au courant du lancement du Registre d’appareils mobiles (RAM) dans notre pays dans quelques jours, s’ils savaient ce que c’est le RAM et s’ils étaient au courant que, le projet des points d’accès (hot spots) WiFi gratuit installés dans leur université était désormais une réalité.
Derrière le bâtiment administratif central de l’UNIKIN, une foule d’étudiants se pressait pour une séance de prière dans l’amphithéâtre à ciel ouvert Léon de Saint-Moulin. D’autres musardaient entre les facultés et dans les terrasses à l’entrée principale du campus, communément appelée « Trafic ». Partout, des vendeurs derrière des petites cabines et des échoppes de fortune proposent de tout, notamment les crédits pour les appels téléphoniques et les mégas pour la connexion Internet mobile. Aux questions : connaissez-vous le RAM ? Et savez-vous que ce mécanisme sera d’application dans notre pays dans quelques jours ? Très peu d’étudiants interrogés nous ont dit en être au courant ou en avoir entendu parler. Par ailleurs, nombreux ont dit être très préoccupés par tout ce qui se raconte dans les médias et les réseaux sociaux autour du projet RAM que le gouvernement s’apprête à lancer. Avec un air suspicieux à cause des commentaires entendus par ci et par là, ils préfèrent pour le moment juste voir.
Mais quand on leur a expliqué ce qu’il faut savoir réellement sur le RAM et les projets qu’il va permettre, les étudiants rencontrés ont compris à quel point le RAM constitue une révolution dans la révolution technologique en RDC en matière de téléphonie mobile. La plupart considère comme urgent que l’État leur installe rapidement des points d’accès WiFi gratuit, car, estiment-ils, la connexion Internet via le téléphone mobile est beaucoup trop cher pour le moment compte tenu du faible pouvoir d’achat de la majorité des Congolais.
Pour les étudiants interrogés, le manque de hotspots (WiFi gratuit) est un exemple choquant de fracture numérique croissante et de la discrimination que de nombreuses familles pauvres doivent affronter en plein boom des services numériques qui a obligé les écoles et les universités à engager sérieusement une réflexion approfondie sur l’apprentissage ou la formation à distance pendant la crise du coronavirus.
Avec la pandémie de Covid-19, toutes les écoles et les universités ont été fermées, et cela a rendu davantage nécessaire l’apprentissage ou la formation à distance. Les étudiants ont été forcés de compter sur des ordinateurs portables et sur Internet à domicile pour accéder à leurs cours ou à d’autres informations. Une étude du centre pluridisciplinaire Alter de Kinshasa révèle que 73 % des étudiants à Kinshasa ne disposent pas d’une connexion Internet adéquate à la maison et 85 % n’ont pas d’appareils appropriés pour l’apprentissage à distance.
Et il y a des milliers d’autres étudiants dans une situation similaire dans les provinces, qui ne savent même pas comment utiliser les ordinateurs ou comment fonctionnent les hotspots. Le programme de l’État de fournir des connexions Wi-Fi gratuites aux universités est donc bien accueilli par les étudiants interrogés. Les hotspots aideront à fournir des services Internet aux étudiants dans toute l’université. Les étudiants peuvent utiliser le point d’accès pour télécharger des travaux. « Actuellement, beaucoup d’étudiants s’inquiètent de ne pas avoir une connexion WiFi appropriée pour travailler calmement, a commenté un étudiant de la faculté de droit. Tous les étudiants devraient avoir un accès gratuit à un WiFi fiable, surtout maintenant ». Les étudiants que nous avons approchés à l’UNIKIN estiment que l’installation des points d’accès dans les universités congolaises sera un « grand pas en avant pour réduire la fracture numérique » dans la communauté universitaire. « La fracture numérique est bien réelle et les retards dans la réception de la technologie nécessaire doivent être une préoccupation à l’échelle de l’État, a déclaré un étudiant de la faculté des sciences. Nous sommes vraiment reconnaissants à l’État de faire de la technologie numérique une priorité et nous attendons avec impatience de recevoir ces hotspots dans notre université. ».
Qu’est-ce qu’un hot spot WiFi ou une borne WiFi ? Un hot spot est un point d’accès ou Access Point au WiFi. Il agit comme relais à un réseau WiFi de plus en plus étendu. Un point d’accès WiFi est un emplacement physique pour donner aux utilisateurs la possibilité d’utiliser leurs appareils loin de chez eux. Ces hotspots sont devenus populaires il y a plus de dix ans dans les hôtels, les restaurants, les cafés, les terrasses, etc., et se trouvent maintenant partout où les gens se rassemblent (centres commerciaux, aéroports, hôtels, etc.). Les lieux ouverts au public comme les hôtels, les bars ou les restaurants, les hébergements touristiques et les commerces sont de plus en plus nombreux à offrir un accès WiFi à leurs clients pour répondre aux besoins de connectivité grandissants des consommateurs. Aujourd’hui, avec le progrès technologique, tous les ordinateurs, smartphones ou tablettes sont pratiquement équipés d’un adaptateur WiFi et permettent de se connecter aux points d’accès WiFi partout et à tout moment. La portée des points d’accès WiFi est généralement limitée à quelques dizaines de mètres. Les hotspots WiFi publics sont accessibles uniquement grâce à un code client. Proposer un ou plusieurs points d’accès WiFi offre(nt) une connexion internet et une mobilité nécessaire face à l’utilisation massive du smartphone. Les utilisateurs peuvent continuer à discuter avec leurs proches ou faire une recherche Internet facilement et rapidement. Les spots WiFi peuvent être privés ou publics et accessibles gratuitement ou non. Ainsi, une entreprise peut installer un hotspot WiFi gratuit mais privé et donc accessible seulement à ses employés (un WiFi professionnel). De la même façon, un camping peut proposer un spot WiFi public mais payant qui sera donc disponible pour un temps et un prix précis. À l’ère de la technologie portable, l’accès à une connexion sans fil rend les ordinateurs vraiment portables. Dans certaines villes, des hotspots sont même disponibles dans les bâtiments publics ou les parcs publics.
CP